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You had your best-laid plans and then COVID-19 came along and hammered the entire economy. But you’ve got this – if you have the right information. Join Rob Carrick and Roma Luciw on Stress Test, a podcast guiding you through one of the biggest challenges your finances will ever face.

Rob : Les couples à deux revenus et sans enfant, également connus sous l’acronyme anglais… Nous en connaissons tous. Et, parfois, nous les envions.

Roma : Élever un enfant, de la naissance à ses 18 ans, coûte environ 350 000 dollars. Ça fait beaucoup d’argent. Et les enfants, il faut aussi leur consacrer beaucoup de temps. Quels sont donc les choix en matière de mode de vie, de carrière, de logement et de finances des couples à deux revenus sans enfant?

Rob : Bienvenue à Test de résistance, baladodiffusion sur les finances personnelles pour les milléniaux et les membres de la génération Z. Je m’appelle Rob Carrick, je suis chroniqueur financier au Globe and Mail.

Roma : Et je suis Roma Luciw, rédactrice en chef de la section des finances personnelles du Globe and Mail. Nous avons déjà abordé la question du coût élevé des enfants, qu’il s’agisse de s’occuper d’eux ou des traitements de fertilité. Aujourd’hui, nous braquons nos projecteurs sur les considérations financières pour les adultes qui n’ont pas d’enfant, par choix ou en raison des circonstances. Rob, quelles sont les principales différences dans la vie des adultes qui n’ont pas d’enfant et échappent donc à cette dépense importante?

Rob : Pour moi, la plus grande différence, c’est qu’ils n’ont pas à se soucier de ce qui est un engagement à vie envers leurs enfants. Le coût de la parentalité commence avec l’achat de tout l’équipement nécessaire pour un bébé, puis il y a les frais de garde, les activités, l’université. Et il y a cet aspect de plus en plus présent de la parentalité, c’est-à-dire aider ses enfants adultes, pour leur loyer, pour l’épicerie, pour acheter une maison, pour payer la garderie, pour payer les frais de camp d’été. C’est pratiquement d’un engagement à vie. Qu’en pensez-vous?

Roma : J’aimerais aussi souligner que le coût de l’alimentation des adolescents est une dépense importante, considérable même. L’une des choses qui me frappent, c’est que sans enfant, vous avez vraiment beaucoup plus de liberté d’action. Vous pouvez vous permettre de vivre dans une maison qui n’est pas située près d’une bonne école ou d’une garderie. Vous n’avez pas à vous inquiéter de déraciner vos enfants de leurs amis et de leurs activités. Vous pouvez choisir de ne pas être propriétaire. Vous pouvez choisir d’acheter un logement là où vous voulez. Vous pouvez choisir de prendre l’argent que vous auriez mis de côté pour les études des enfants et le consacrer à travailler moins, ou vous pouvez aussi travailler plus fort. Il semble donc que cela se résume à un plus large éventail de choix.

Rob : Cela ne veut pas dire que les gens sans enfant sont automatiquement aisés ou riches; ils ont néanmoins plus d’argent que ceux qui ont un ou plusieurs enfants. Vous savez quoi? Ils vivent aussi moins d’imprévu. Ils ne seront pas confrontés à l’explosion des frais de garderie. Ils ne découvriront pas que leur enfant veut jouer au hockey, avec tous les coûts que cela implique. Ils sont à l’abri! Non seulement un enfant pourrait-il vouloir aller à l’université, mais il pourrait décider de fréquenter une université à l’étranger, ou même sur un autre continent. Dans un tel cas, il aura besoin d’un coup de main. Donc, je pense que les adultes qui n’ont pas d’enfant ont plus d’argent, plus de liberté et plus de stabilité.

Roma : Ce qui me frappe, c’est que ce sont surtout les femmes qui ont largement plus de marge de manœuvre. Je sais que bien des pères s’engagent, beaucoup plus qu’auparavant. Mais nous savons bien que les femmes ont encore tendance à assumer la majorité des responsabilités parentales et que leur carrière a tendance à en pâtir lorsqu’elles ont des enfants, et ce pour de nombreuses raisons. Imaginez donc que l’on vous enlève cette responsabilité. En tant que femme, vous pouvez choisir de travailler très dur pour gravir les échelons de la carrière, d’opter pour l’aspect monétaire. Vous pouvez aussi choisir de travailler moins et de vous consacrer à votre passion. Ce ne sera pas aussi bien payé. Quel que soit votre choix, la réalité est que vous l’aurez, ce choix. Il y a aussi, Rob, des répercussions sur la planification successorale, sur la façon dont vous vous organisez à long terme. Pouvez-vous nous donner des exemples?

Rob : Je pense que beaucoup de parents s’attendent à ce que, lorsqu’ils vieilliront et auront besoin d’aide, et qu’ils auront besoin de quelqu’un pour prendre des décisions en matière de santé et de finances, leurs enfants seront là. Et lorsqu’ils auront besoin de quelqu’un pour exécuter leur testament, leurs enfants s’en chargeront. Bien entendu, il convient de souligner qu’il existe des moyens de contourner l’impossibilité de choisir l’un de ses enfants comme exécuteur testamentaire ou comme mandataire. Des entreprises ou des services de grandes banques peuvent s’en charger. Si vous disposez d’un patrimoine assez important, je pense que c’est une excellente option pour vous.

Roma : Après la pause, nous entendrons une femme qui a choisi ce mode de vie, en grande partie pour des raisons financières.

Malika : Je m’appelle Malika. J’ai 36 ans et je vis en Ontario.

Rob : Malika est directrice de la création dans une société d’investissement. Son mari est un ingénieur en mécanique, et il est devenu entrepreneur. Ils sont ensemble depuis environ sept ans.

Malika : Lorsque mon mari et moi avons commencé à sortir ensemble, je savais déjà que je ne voulais pas d’enfant. Et il ne m’a pas demandé d’où cette décision venait. C’est comme cela, et c’est tout. C’est juste que, bien sûr, il y a des gens qui se marient et qui ont des enfants, et tant mieux pour eux. Lorsque nous avons commencé à sortir ensemble, il était important pour moi que mon partenaire et moi soyons sur la même longueur d’onde. Nous en avons parlé et je lui ai posé une question : « Pourquoi veux-tu vraiment avoir des enfants? » Et il a répondu : « Parce que c’est ce que tout le monde fait. » Cette réponse ne m’a pas suffi. Nous avons eu de longues conversations à ce sujet et nous avons tous deux convenu que nous ne pensions pas avoir d’enfant.

Rob : Malika a toujours eu le sentiment d’avoir une vie épanouie sans enfant, et elle ne veut pas changer son mode de vie.

Malika : Je me souviens que des gens m’ont dit : « Oh, ton instinct maternel va se manifester, il va se passer quelque chose, il va y avoir un déclencheur. Et à ce moment, tu voudras vraiment avoir des enfants. » J’attends toujours ce déclencheur, il n’est pas arrivé. Bizarrement, et heureusement, cela n’a pas non plus été le cas pour mon mari.

Rob : C’est en partie parce qu’ils ont décidé de consacrer leur temps et leur argent à leur carrière. Malika pense que cela aurait été plus difficile s’ils avaient eu des enfants.

Malika : Je pense que cela a d’abord été le cas pour mon mari. Créer sa propre entreprise et devenir un entrepreneur aurait été impossible parce que, lorsque vous devenez entrepreneur, il y a beaucoup d’incertitude, notamment financière. Comme nous n’avions pas l’intention d’avoir des enfants, il a pu faire ce saut en toute confiance, faire ce qu’il voulait et s’épanouir dans sa carrière. Et je pense que c’est la même chose pour moi. J’ai consacré beaucoup de temps à mon travail, et je ne crois pas que j’aurais pu le faire s’il y avait eu un ou plusieurs enfants, ou si nous avions prévu d’avoir un enfant et que j’avais dû planifier le congé de maternité, et dans les faits perdre une année de carrière. Ce n’est pas quelque chose qui me faisait envie.

Rob : Le fait de ne pas avoir d’enfant leur a également permis d’acheter une résidence secondaire en Europe.

Malika : Nous avons décidé de passer notre retraite au Portugal, après avoir longuement réfléchi à l’endroit où nous nous verrions plus tard. Et nous avons opté pour le Portugal. Nous y avons acheté une maison pour notre retraite. Je ne crois pas que cela aurait été possible si nous avions eu un enfant, parce que nous avons dû mettre en commun beaucoup de ressources financières pour acheter cette propriété. C’est donc nous qui avons économisé pour notre avenir. Et comme vous le savez, le prix de l’immobilier augmente sans cesse. Alors si nous avions décidé d’avoir un enfant, il nous aurait été plus difficile de le faire.

Rob : La plupart des trentenaires ne peuvent pas acheter une maison pour leur retraite, mais le reste des dépenses de Malika et de son mari sont plus prévisibles.

Malika : Alors, mon mari et moi avons des habitudes fort différentes pour les dépenses. Lui n’aime pas trop aller au restaurant. Il n’aime pas aller au concert. Il aime son entreprise. C’est un peu son bébé. Il aime investir tout ce qu’il gagne dans son entreprise. Pour ma part, j’adore sortir avec des amis. J’aime essayer de nouveaux restaurants. J’adore aller au concert. Mais nous avons un point commun, nous aimons voyager et découvrir de nouveaux endroits. Cela nécessite une certaine solidité financière, car nous devons y consacrer une certaine somme chaque année.

Rob : Le couple consacre beaucoup de temps à la planification financière.

Malika : J’aime le fait que nous parlions tous les deux de nos objectifs annuels. Nous nous asseyons et nous déterminons nos objectifs financiers annuels. Notre approche est différente, parce que nous ne partageons pas nos finances. Nous avons chacun nos comptes bancaires personnels, et nous avons en quelque sorte un compte commun, dans lequel nous mettons tout ce que nous dépensons, quoi que ce soit, nous partageons tout moitié-moitié. Cela nous aide à suivre facilement nos finances. Mais nous avons un problème. Disons que j’ai les moyens de m’offrir quelque chose, et que mon mari n’est pas vraiment d’accord. J’y renonce, et c’est tout. Nous avons un accord. Nous nous sommes donc réunis il y a un mois et nous avons réfléchi au niveau élevé des taux d’intérêt, et notamment des taux hypothécaires sur notre maison. Notre prêt hypothécaire devra bientôt être renouvelé. Nous avions un taux fixe jusqu’à présent, mais l’année prochaine, nous devrons renouveler notre contrat et nous savons que cela va entraîner une baisse importante de notre épargne. Nous avons donc décidé d’économiser intensément d’ici l’an prochain et de rembourser une grande partie de notre prêt hypothécaire, afin d’alléger un peu notre stress. À long terme, nous aimerions ne plus avoir d’hypothèque d’ici sept ou huit ans. Nous croisons les doigts pour que ce soit le cas pour au moins l’une de nos propriétés. Nous ne voulons pas nous retrouver obligés de rembourser deux prêts hypothécaires en même temps.

Rob : Les taux d’intérêt sont une source d’inquiétude, mais Malika n’est pas préoccupée par la question que se posent beaucoup d’adultes sans enfant : « Qui s’occupera de nous lorsque nous vieillirons? »

Malika : Ce sont des choses que les gens nous disent ou nous demandent. On dit que vos enfants prendront soin de vous lorsque vous serez âgé. Vous n’avez donc pas à réfléchir à vos dépenses. C’est presque comme un investissement. Mon mari et moi pensons tous deux qu’il ne faut pas avoir un enfant en pensant qu’il s’occupera de nous plus tard. Avoir un enfant, c’est une décision personnelle, et rien ne garantit qu’il réussira suffisamment bien dans la vie pour pouvoir vous prendre en charge plus tard. Il ne faudrait pas s’attendre à cela de ses enfants. En tout cas, cela n’est pas comme cela que nous pensons. Ce sur quoi nous miserions tous les deux, c’est ce que nous pouvons contrôler, ce qui est connu. Nous prenons donc des mesures calculées pour nous assurer que nous aurons une maison dans laquelle nous pourrons vivre lorsque nous serons plus âgés. Nous avons d’ailleurs choisi une maison de plain-pied. Pas d’escalier. Nous savons aussi que les gens vivent plus longtemps à notre époque, et qu’il faut donc se préparer à beaucoup de choses, notamment à cause de l’inflation et du coût de la vie. Mais nous espérons avoir tenu compte de tous les aspects élémentaires qui nous sont venus à l’esprit et ne pas avoir été irréalistes. Nous pensons que nous serons en mesure de bien nous en tirer lorsque nous serons plus âgés.

Rob : Notre prochaine invitée n’est peut-être pas très dépensière, mais elle a choisi le mode de vie des couples qui ont deux revenus et pas d’enfants en raison de la liberté financière et du style de vie que cela lui permet.

Sarah : Bonjour, je m’appelle Sarah. Je vis à Toronto et j’ai 37 ans.

Rob : Quand Sarah était plus jeune, elle pensait qu’elle aurait des enfants. Mais elle et son mari ont longuement discuté de cette possibilité, avant de décider de ne pas en avoir.

Sarah : Voulons-nous vraiment des enfants? J’hésite à utiliser le mot « gâcher », mais nous avons une belle vie, qui nous plaît bien, et nous voulons vraiment améliorer notre rythme de vie. Nous avons le choix à ce chapitre. Avec un enfant, c’est très différent. Nous devons donc être vraiment, vraiment, vraiment sûrs de nous. J’aime beaucoup notre vie actuelle. Je pense que je préférerais regretter de ne pas avoir d’enfant plutôt que regretter d’en avoir un. Pour faire court, c’est la situation financière qui nous a poussés à nous interroger sur nos objectifs pour les dix, vingt ou trente prochaines années. Voulons-nous continuer à avoir à rembourser un prêt hypothécaire? Car si nous avions un ou plusieurs enfants, comment pourrions-nous nous le permettre? Nous voulons encore voyager. Il y a encore des choses que nous voulons faire en dehors du travail. Il faut s’interroger sur ses valeurs et sur l’image que l’on veut avoir de soi. Comment faut-il se positionner de manière à optimiser ses chances d’être satisfait de sa situation, tout en gardant des portes ouvertes? Je trouve qu’il est parfois difficile de parvenir à l’équilibre dans tout cela.

Rob : Sarah et son mari ont un revenu légèrement supérieur à 100 000 dollars.

Sarah : Ce montant de 100 000 dollars peut sembler élevé, et il l’est, surtout si on le compare au revenu moyen au Canada. Mais si vous aidez financièrement des membres de votre famille, que ce soient vos parents, vos grands-parents ou vos enfants, un revenu de 100 000 dollars par personne dans un couple ne permet pas de faire autant de choses que vous le pensez ou que vous le devriez. Il ne faut pas avoir un mode de vie extravagant. En fait, lorsque je m’étais fixé ce salaire annuel de 100 000 dollars comme objectif, c’était pour avoir une vie financièrement sûre et aussi pour pouvoir planifier à l’avance et faire des choix qui, je l’espère, seraient au moins un peu amusants, et qui me permettraient de vivre comme je l’entendais, sans avoir à faire des choix parce que je devais équilibrer un budget ou essayer de joindre les deux bouts d’une manière ou d’une autre.

Rob : Sarah verse environ 2 000 dollars par mois aux générations précédentes de sa famille. Elle semble heureuse de le faire, mais cela a façonné son opinion sur ceux qui comptent sur l’aide de leurs enfants pour leurs vieux jours.

Sarah : Je ne pense pas qu’il soit juste d’attendre des membres de la génération qui suit qu’elle se plie en quatre pour satisfaire la précédente. Tant mieux s’ils peuvent et veulent aider les gens qui disent : « Oh, qui s’occupera de vous, qui vous rendra visite, qui vous aidera, socialement, financièrement ou autrement, qui vous prêtera main-forte? » La question que je pose est la suivante : pourquoi compter uniquement sur la famille? Les familles sont de plus en plus petites, ce n’est pas nouveau. Elle est finie l’époque où il y avait une demi-douzaine de frères et sœurs pour se partager le fardeau.

Rob : Pour Sarah, la décision de ne pas avoir d’enfant a été synonyme de flexibilité et de liberté. Alors, à quoi lui sert cet argent qui lui reste en plus?

Sarah : Le plus cool serait d’aller manger au restaurant. Toronto offre une diversité culinaire exceptionnelle, non seulement le centre-ville, mais aussi lorsque l’on s’aventure plus loin. Il y a une telle variété de petites pépites, de petits bistros locaux et d’autres établissements de ce genre, on peut échanger les adresses des endroits où l’on trouve le meilleur biryani ou le meilleur rôti. La recherche fait partie du plaisir. Vous découvrez un endroit qui n’est pas encore plein à craquer. Vous y rencontrez des amis. C’est l’aspect social. D’autres dépenses peuvent parfois paraître discrétionnaires, mais pour moi elles ne le sont pas vraiment, comme les abonnements à l’Orchestre symphonique de Toronto ou à HBO. Il y a des billets de dernière minute pour tous ceux qui sont au centre-ville, une vraie aubaine. Nous aurions certainement plus de liberté pour faire des voyages rapides, vous savez, le genre de choses qui se font sur un coup de tête. Nous sommes allés au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande, en Asie du Sud-Est, nous avons traversé quelques pays, nous sommes allés dans les Caraïbes bien sûr, et aussi aux États-Unis, plutôt pour des raisons professionnelles. Mais il est agréable d’ajouter quelques jours de plaisir aux déplacements professionnels. J’aimerais continuer à voyager, j’aimerais voyager plus loin encore. J’aimerais pouvoir prendre une retraite anticipée. Ce que j’attends avec impatience, c’est de pouvoir choisir librement mon travail, quel que soit l’emploi, saisonnier ou non. Ne pas avoir d’enfant signifie que je n’ai pas à m’occuper des intérêts et des besoins de quelqu’un d’autre, ni à les faire passer avant les miens. C’est comme ça. Si j’avais un enfant, ce serait ma priorité. Donc, je me sens plus libre.

Rob : Sarah et son mari n’ont pas pris à la légère la décision de ne pas avoir d’enfant. Mais avec le temps, ils sont devenus plus à l’aise dans le rôle de l’oncle et de la tante cool.

Sarah : J’ai des amis qui sont parents. Ce n’est pas leur seule identité, mais cela leur apporte énormément de satisfaction. Et parfois, la question est de savoir s’il est égoïste de vouloir continuer à investir dans moi-même et si c’est bien la chose la plus responsable à faire. On m’a souvent dit : « Tu sais, tu ferais une très bonne maman. » Et cela me rappelle ce qu’a dit l’une de mes amies. C’est parce que je suis bonne cuisinière. Mais cela ne veut pas dire que je veux ouvrir un restaurant.

Rob : Après la pause, un planificateur financier nous explique comment gérer ses finances quand on n’a pas d’enfant.

Roma : Jay Zigmont est le fondateur de Child Free Wealth, société de planification financière qui s’adresse aux gens qui n’ont pas d’enfant basée aux États-Unis, dans le Mississippi. Jay, votre société de planification financière est spécialisée dans les personnes qui n’ont pas d’enfant. Pourquoi, d’après vous, les couples sans enfant ont-ils besoin d’un plan financier propre à leurs besoins?

Jay : En réalité, le fait de ne pas avoir d’enfant change pratiquement tous les aspects d’un plan financier. Pour moi, il faut d’abord planifier sa vie, puis ses finances. Par exemple, les personnes qui n’ont pas d’enfant n’ont pas à laisser d’héritage. La retraite n’est peut-être pas non plus une priorité. L’assurance vie, même chose. Et la liste est longue. Ma femme et moi n’avons pas d’enfant, et j’ai fait des recherches à ce sujet parce que, dans la documentation du planificateur financier certifié, il n’est pas fait mention de cette situation particulière. Je me suis donc demandé pourquoi c’était le cas. Avec ma femme, nous trouvions cela bizarre, car nous sommes loin d’être les seuls. Il s’avère que nous sommes effectivement nombreux, alors que la documentation financière part du principe que tout le monde a des enfants et qu’il est normal d’en avoir.

Roma : Pour ceux qui choisissent de ne pas avoir d’enfant, quelles sont les raisons les plus courantes?

Jay : Bon. J’ai posé cette question dans le cadre d’une étude que j’ai réalisée. Je voulais me pencher sur les raisons pour lesquelles les gens choisissent de ne pas avoir d’enfant. Ce qui est intéressant, c’est que la plupart des gens avaient plus d’une réponse. La première raison est en fait qu’ils n’en ont jamais voulu. Disons, quelque chose comme 30 %. Mais il y a d’autres raisons qui sont intéressantes : les finances, pour 30 %, la liberté ou les préoccupations environnementales, pour 27 %, et les inquiétudes médicales pour ne pas transmettre de problèmes de santé à des enfants. Ces raisons ne sont pas à négliger. Et nous voyons que de plus en plus de gens font ce choix. Cette décision leur appartient. Un choix personnel.

Roma : Vous avez dit que 30 % des personnes interrogées invoquaient des raisons financières. Quelles sont ces raisons?

Jay : Il y a un résultat intéressant dans cette recherche. Je n’ai pas de données très précises pour l’étayer, mais beaucoup de gens viennent à moi et me disent qu’ils ont vu leurs parents avoir des difficultés, et ils se disent qu’ils ne veulent pas infliger cela à leurs propres enfants. Ce n’est pas seulement une question d’argent. J’aimerais gagner moins d’argent, ou plus, mais c’est surtout la qualité de vie qui compte. Et puis, nous posons la question, nous discutons, et il y a une étude qui sort qui annonce qu’avoir un enfant coûte 20 000 dollars par an. C’est quand même cher. Vous savez, je pense que compte tenu du coût du logement et des salaires actuellement, il n’est pas facile d’avoir des enfants.

Roma : Bon. Parlez-moi donc des finances et du mode de vie d’un couple qui n’a pas d’enfant.

Jay : En fait, vivre sans enfant signifie que vous avez le temps, l’argent et la liberté de faire ce que vous aimez. Cela ne vous rend pas automatiquement riche. Ce n’est pas comme si des chèques tombaient du ciel quand on choisit de ne pas avoir d’enfant. Les disparités de revenus demeurent. Mais dans le cas de ces couples, ils peuvent commencer à envisager des choses différentes. Par exemple, il y a un concept appelé « le jardinier et la rose », qui signifie qu’une personne cultive et que l’autre lui apporte son soutien. Ma femme et moi n’avons pas d’attaches. Récemment, elle a reçu une offre d’emploi très intéressante. Nous avons déménagé à 1 200 km. Pas de problème. Nous avons embarqué le chien et nous sommes partis. C’est une liberté que les parents n’ont pas.

Roma : J’aimerais que vous donniez à nos auditeurs une idée de ce qu’un couple sans enfant envisage de faire de son argent, de son temps et de sa liberté, et de la différence qu’il peut y avoir avec un couple qui doit prendre certaines décisions parce qu’il a d’autres êtres humains à sa charge.

Jay : Bien sûr. Il y a plusieurs aspects à cette question. Commençons par les plus fréquents. Premièrement, beaucoup de gens sans enfant décident de ne rien laisser à leur décès. Ils essaient donc de faire en sorte que le dernier chèque qu’ils feront vide leur compte et ils tentent d’investir dans eux-mêmes. Cela peut prendre de nombreuses formes, par exemple l’un des membres d’un couple a quitté son emploi, a pris un congé sabbatique de six mois, et est maintenant devenu auteur. Ils investissent dans eux-mêmes et dans ce qu’ils veulent faire; c’est une voie différente de l’investissement traditionnel, par exemple sur le marché boursier. Parfois, la solution est de reprendre les études, d’avoir du plaisir et de faire ce que l’on aime, même si ce n’est pas la meilleure solution sur le plan financier.

Roma : Et le mode de vie? Quelles sont les décisions prises en matière de dépenses ou de mode de vie qui sont différentes, en dehors de la carrière, de l’épargne et de l’investissement?

Jay : Je pense que le plus frappant, c’est le nomadisme. Par exemple, l’éditrice de mon prochain livre vit avec son chien dans un logement loué sur Airbnb pendant un mois, puis elle change d’endroit. Chaque fois que je lui parle, elle est dans un endroit différent. Et c’est là un peu le principe, qu’il s’agisse de la vie en van ou de la vie à l’étranger, entre autres. Il s’agit simplement de pouvoir se dire : « Je prends mon chien, et je m’en vais. »

Roma : Ce qui me frappe le plus, en tant que mère qui travaille, c’est le temps que cela permettrait de consacrer à la carrière, surtout pour une femme : égalité dans le travail, la carrière. La continuité. Pas la peine de prendre un congé pour accoucher. Moins d’interruptions, par exemple pour des congés de maladie. Davantage de possibilités d’avancement. Il me semble que les femmes auraient beaucoup plus d’influence sur leur vie. Est-ce que les couples sans enfant vous en parlent?

Jay : Ils disposent d’une plus grande marge de manœuvre. Mais il y a également un revers à cette médaille. Ainsi, des spécialistes des ressources humaines constatent que l’on s’attend souvent à ce que les employés sans enfant travaillent pendant les vacances scolaires ou les jours fériés, ou à ce qu’ils fassent des heures supplémentaires parce qu’ils n’ont pas d’enfant. C’est donc une question d’équité et de dire : « Vous avez le choix de faire différentes choses dans votre carrière, mais vous ne devriez pas être obligé de faire quoi que ce soit tout simplement parce que vous n’avez pas d’enfant à la maison. »

Roma : Hum. D’un autre côté, cela vous rend plus disponible pour faire des heures supplémentaires et pour travailler le nombre d’heures requis pour accéder à des postes plus élevés.

Jay : Cela permet de dégager du temps, mais je tiens à souligner que ce n’est pas parce que vous n’avez pas d’enfant que vous devez forcément progresser dans votre carrière. Cela fait partie de la discussion que nous avons avec nos clients. Il y a en quelque sorte un gradateur pour le travail. Vous définissez la bonne quantité de travail au bon niveau qui vous satisfait, puisque, si vous n’avez pas d’enfant, vous n’avez pas à tenter d’augmenter votre valeur nette pour la transmettre à vos enfants. Donc, la situation dans la hiérarchie n’est peut-être pas aussi importante dans ce cas. Mais quel travail feriez-vous gratuitement? Il faut évidemment être payé pour cela. Il ne s’agit donc pas de toujours se dire : « Je n’ai pas d’enfant, je dois en faire plus. » Par contre, je peux me concentrer sur ce qui m’apporte de la joie et du plaisir et me débarrasser de ce qui ne m’apporte rien.

Roma : La liberté semble être un thème important. Parlons un peu de la liberté financière, car elle fait partie de l’équation. Selon vous, combien d’argent exactement un couple peut-il économiser? Constatez-vous chez les couples avec lesquels vous travaillez qu’ils économisent de l’argent en faisant ce choix, ou en le faisant imposer?

Jay : Oui. Les statistiques montrent qu’élever un enfant pendant 17 ans coûte autour de 300 000 dollars. Mais cela ne signifie pas que les gens qui n’ont pas d’enfant mettent cette somme de côté. Ils ont une approche différente des finances. En effet, si vos enfants vous coûtent de l’argent, cet argent, il faut le gagner. Ce qui est intéressant dans les données, c’est que la valeur nette des personnes sans enfant n’est pas vraiment plus élevée que celle de la population en général. En fait, c’est assez proche. La différence peut se chiffrer à mille dollars, ou quelques milliers de dollars tout au plus. Par conséquent, si vous constatez que les personnes ayant un patrimoine net élevé sont touchées, cela signifie qu’elles n’épargnent pas beaucoup plus. Le taux d’endettement est un peu plus faible chez les personnes sans enfant, mais cela ne change pas fondamentalement nos chiffres.

Roma : En matière d’investissement, observe-t-on des thèmes propres aux couples sans enfant?

Jay : Je pense que ce qui change, c’est que l’objectif n’est pas qu’il reste le plus d’argent possible au moment du décès. Ainsi, par exemple, de nombreux logiciels de planification financière essaient de vous pousser à ne pas épuiser votre argent. C’est l’inverse de ce que les gens veulent faire. Nous pouvons faire des choix différents avec notre argent. Ce que je dirais, c’est que nous essayons de faire en sorte que vos finances soient ennuyeuses pour que votre vie soit extraordinaire.

Roma : Jay, y a-t-il des dépenses que les couples sans enfant ont tendance à faire, contrairement aux couples avec enfants?

Jay : Oui, la plus évidente est la planification des soins de longue durée et le paiement d’un exécuteur testamentaire ou d’un mandataire. Les parents s’attendent à ce que leurs enfants s’en chargent. Or, ce n’est pas parce que vous avez un enfant que vos soins de longue durée seront pris en charge ou que l’un de vos enfants sera votre exécuteur testamentaire. Nous en sommes plus conscients et cela fait partie de notre plan.

Roma : Et l’assurance invalidité et l’assurance vie?

Jay : Oui, l’assurance vie en fait partie. Tout le monde dit qu’il faut multiplier son revenu par 10 ou 12. Si vous avez des dettes importantes, il faut en tenir compte. Il faut que ce soit couvert. Vous pouvez probablement vous passer d’assurance vie, mais l’assurance invalidité devient beaucoup plus importante, car vous ne pouvez pas compter sur les membres de la génération suivante.

Roma : Quel est le conseil le plus important que vous donneriez à un couple sans enfant?

Jay : Si vous examinez vos finances avec un planificateur financier ou un conseiller en investissement, par exemple, demandez-lui en quoi votre plan financier est différent étant donné que vous n’avez pas d’enfant. S’il vous répond qu’il n’est pas différent, vous devez trouver un autre conseiller. S’il vous dit « Oh, vous allez changer d’avis », vous devez aussi en trouver en autre. Vous devez trouver quelqu’un qui vous comprendra mieux. Il n’y a pas de problème s’il vous répond : « Je ne sais pas si c’est différent » ou « Nous allons essayer de le découvrir. » Mais vous devez obtenir des conseils adaptés à votre situation. En effet, la plupart des conseils financiers partent du principe que des enfants font partie du tableau.

Roma : Quelle que soit la raison pour laquelle vous n’avez pas d’enfant, c’est une réalité qui transforme vos finances. Vous aurez plus de liberté, de marge de manœuvre et de revenus discrétionnaires. C’est un avantage que vous ne voulez pas gâcher en dépensant simplement plus d’argent. Rob, que retenez-vous de nos conversations?

Rob : Premièrement. Ne pas avoir d’enfant vous permet de plus travailler et vous donne plus de liberté. Vous pouvez donner la priorité à votre carrière, déménager souvent ou accepter un travail intéressant, mais moins bien payé. Deuxièmement, ne soyez pas trop ambitieux en matière d’assurance. Si vous n’avez pas d’enfant à charge, vous n’avez pas besoin d’une couverture très étendue. Et troisièmement. La vieillesse sera compliquée. Si vous n’avez pas d’enfant, vous devrez peut-être payer une aide à la maison lorsque vous serez vieux. Vous devrez également trouver des personnes à qui donner une procuration pour votre santé, vos finances et votre testament.

Roma : Merci d’avoir écouté cet épisode de Test de résistance. Cette émission a été produite par Kyle Fulton, Anna Stafford et Emily Jackson. Notre productrice exécutive est Alisha Saini. Merci à Sara, Malika et Jay de nous avoir raconté leur histoire.

Rob : Vous trouverez Test de résistance en anglais (Stress Test) partout où vous écoutez des balados. Si vous avez aimé cet épisode, donnez-nous cinq étoiles et faites-le connaître à vos amis.

Roma : La semaine prochaine, dans Test de résistance, de plus en plus de propriétaires éprouvent des difficultés à rembourser leur prêt hypothécaire. La flambée des taux d’intérêt a fait doubler, voire tripler ces paiements. Nous nous pencherons sur les difficultés rencontrées par les nouveaux propriétaires et ce qu’ils font pour s’en sortir.

Rob : En attendant, retrouvez-nous sur le site du Globe and Mail. Merci à tous de nous avoir écoutés.

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